La numérisation de tout les médias (radio, TV, presse écrite et la
littérature).
Depuis l’invention du téléphone, de
la photographie, de l'écriture et du livre, du phonographe, de la radio et de
la télévision, leurs transmissions et leurs enregistrements se font en
analogique, c’est à dire que les variations du son et du signal vidéo sont
traduites par une variation proportionnelle de la tension, du courant et du
champ magnétique (suivant l’utilisation).
Depuis une trentaine d’années,
les signaux analogiques sont remplacés par des signaux numériques, c’est à dire
que la variation d'une grandeur physique est convertie en une suite de chiffres
binaires de 0 et de 1 quantifiant l’intensité du signal et sa fréquence. Ce
système est en passe de remplacer définitivement un certain nombre de médias.
La télévision est devenue
numérique avec la TNT depuis 2005 en France, la radio devient numérique avec la
DRM, la DMB/DAB/DAB+ et Internet, la photographie est devenue numérique depuis
2000, le livre devient numérique avec l'Ebook, le son est devenu numérique
depuis 1981 avec le cd et devient même immatériel (plus de support physique)
avec le mp3 depuis 2000 grâce au téléchargement légal et à la vente en ligne
mais aussi depuis 2015 avec le streaming comme Deezer et bien d'autres.
L’analogique et le numérique ont
chacun leurs avantages et leurs inconvénients.
L'analogique versus le numérique.
Les avantages de l'analogiques:
L'élaboration d'un système
analogique peut s'avérer très simple à réaliser et n'a pas besoin forcement
d'électricité comme le phonographe qui utilise un moteur à ressort pour faire
tourner le disque et la vibration gravée sur le sillon pour exciter la membrane
de la tête de lecture, le tout amplifié mécaniquement par un pavillon et sans
électricité. On peut aussi citer la réception de la radio AM voir même FM sans
aucune source d'alimentation, seule l'énergie de l'onde radio suffit à exciter
un petit écouteur, c'est le fameux principe du poste a galène.
Petit récapitulatif des médias
qui n'ont pas besoin d'électricité pour fonctionner comme la fabrication et la
lecture d'un livre, l'écriture, la photographie argentique, le téléphone
filaire (ficelle + 2 gobelets), la radio (réception) et tous les types de
disques et cylindres à sillon.
La qualité audio d'un système
analogique peut s'avérer excellente atteignant des fréquences très hautes sans
déformation. Idem pour la vidéo.
Un appareil analogique peut être
aussi très simple de fabrication, simple d'utilisation et bon marché.
Un signal analogique même très
parasité ou déformé reste toujours exploitable, une station TV ou radio très
lointaine sera toujours écoutable ou regardable avec du souffle et du grain à
l'image même si c'est fatiguant à la longue.
Le support physique est la règle
en analogique et peut rester utilisable des siècles comme le disque, le livre
et la photographie (dans des conditions de conservations optimales).
Les inconvénients de
l’analogique:
Il est sensible aux bruits qui
s’ajoutent mathématiquement au signal utile (parasites atmosphériques,
industriels en radio et TV, poussière ou rayure sur un disque vinyles ou tout
autres bruits générer par l’électronique ou par le support lui-même).
Il supporte mal les copies ou les
reproductions successives car les défauts s'ajoutent à chaque copie et il y a aussi
une perte d'information qui à la longue dégrade l'enregistrement.
Les supports d'enregistrements
analogiques sont sensibles à l'usure comme par exemple pour un disque vinyle
dont le frottement de la pointe de lecture use la surface du disque. Ils sont
aussi sensibles au vieillissement comme par exemple les bandes magnétiques qui
perdent leur magnétisation dans le temps ou son support qui se dégrade, il y a
aussi la dégradation de l'état de surface des supports d'enregistrements comme
les cylindres des phonographes qui sont rongés par un champignon et qui rendent
leurs lectures impossibles.
Pour les livres, ils se dégradent
aussi à cause de certains champignons ou des insectes xylophages.
Pour la photographie argentique,
le substrat photosensible se dégrade provoquant soit un changement de couleurs,
soit un effacement de la photo. Tous ses problèmes sont irréversibles.
Les avantages du numérique:
Les systèmes numériques sont
moins sensibles aux parasites, aux rayures sur les disques (CD, DVD, Blu-ray, etc.).
Le bruit généré par une transmission radio ou TV ne se répercute pas sur le
signal utile comme en TV avec une image granuleuse en analogique devient lisse
en numérique sans défaut (pas tout à fait quand même). Les copies successives
ne dégradent pas l'information d'où les problèmes de copies illégales dans le
monde des cd ou des dvd. La lecture d'un disque optique n'engendre pas d'usure
du disque, l'utilisation d'un fichier audio mp3 ne le dégrade pas non plus.
Le plus gros avantage du
numérique, c'est la miniaturisation à l'extrême des appareils comme par exemple
les lecteurs mp3 en forme de clé qui pèse 20g et fonctionne 30h sans recharge
et embarque 1000h de musique (cherchez quand même l'erreur), il y a 35 ans, le
baladeur audio à cassette (le walkman chez Sony) ou à cd, pesait 1kg, était
gros et ne tenait pas dans la poche du pantalon, avait une autonomie de 6h et
embarquait une cassette de 90 minutes ou un cd de 74 minutes, maintenant nos
poches peuvent dire merci au numérique…
Les inconvénients du numérique.
Lorsque le signal est trop
perturbé, mauvaise réception TNT par exemple, on perd totalement l'image et le
son, ce qui ne se produit pas en analogique, on a quand même quelque chose même
si c'est mauvais, dans le cas du numérique, on a l'image ou on a rien du tout.
Si un CD est fortement rayer,
déformé par la chaleur voir cassé, il devient impossible de le lire, à
l'inverse un vieux vinyle rayé, gondolé ou cassé peut encore être lu en
recollant les bouts même si le son est déformé.
Dans le cas d'une réception
nomade de la TV en numérique (TNT), c'est impossible à plus de 50Km/h à cause
de l'effet doppler (décalage de la fréquence en fonction de la vitesse du
récepteur) donc impossible de regarder la TV TNT dans un TGV, à l'inverse le
signal en analogique reste exploitable même si l'image est instable.
Même à l'arrêt, la TNT reste
délicate à mettre en œuvre, il faut une bonne réception, en analogique un bout
de fil suffit pour avoir quelque chose mais pas en numérique. Le dernier
inconvénient, c'est que le numérique coûte cher à stocker (photos, musiques,
vidéos) et consomme énormément d'énergie électrique pour les stockages sur
serveurs (le cloud ou le streaming).
Pour l'exploitation en numérique,
il faut obligatoirement de l'électricité à cause des calculs de décompression
et de conversion car notre corps humain ne comprend pas les informations
numériques, il lui faut de l'analogique pour les 5 sens.
En numérique, la compression peut
dégrader fortement une information mais permet un gain de place considérable
comme le MP3 ou le Flac.
En conclusion je dirai que le
numérique c'est bien mais il faut garder des principes analogiques de base
moins coûteux comme la radio AM et FM et arrêté de compliquer tout, nos anciens
sont complétement largués.
La TV numérique complique
considérablement l'utilisation de la télévision et de l'enregistrement quand
c'est possible. On trouve de moins en moins d'enregistreur autonome comme avant
avec le magnétoscope.
En numérique l'image semble
meilleure car il n'y a pas de grain mais c'est en vérité faux, une image
numérique standard (pas en HD) aura moins de détaille qu'une même image en
analogique à cause de la compression du signal vidéo, faites l'essai sur un
match de foot et vous verrez la différence.
Je dirai donc oui au numérique
mais pas à toutes les sauces.
La sauvegarde et la pérennité des
enregistrements analogiques et numériques.
La sauvegarde d'une œuvre a
toujours été délicate car le temps est un ennemi redoutable qui détruit le
support et donc les informations.
L'enregistrement analogique comme
l'enregistrement numérique sont sensibles au vieillissement du support
d'enregistrement mais en numérique il y a un autre problème bien plus sournois,
c'est l'effacement accidentel d'un fichier dans un ordinateur, sur un disque
dur ou dans le "cloud", dû soit à une mauvaise manipulation, soit à
un virus ou soit à une panne, ce qui rend extrêmement volatile les informations
mémorisées. De plus en numérique, il existe un nombre incalculable de formats
d'enregistrements tel que le PCM pour le CD, le MP3, le WMA, le AAC, l'ATRAC,
le FLAC et j'en passe, en vidéo c'est pire, ce qui complique la relecture d'un
vieux fichier.
Qui peut encore lire une disquette
5 pouces ¼ (floppy disc), personne ou presque.
Aujourd'hui, on peut encore lire
sans trop de difficulté un disque 78tr Berliner de 1888, il a plus 134 ans !
Une photo utilisant le système
daguerréotype datant de 1840 est toujours exploitable.
Une bible écrite par des moines
au 15ème siècle est toujours lisible et je peux comme ça prendre des
millions d'exemples, il suffit d'aller à la bibliothèque nationale.
En numérique, on n'a pas beaucoup
de recule dans le temps, le premier enregistrement numérique dates de 1974 sur
un support à bande magnétique, le problème c'est que les machines capables de
lire ses bandes n'existent plus. Le Cd a 40 ans, les premiers disques sont
toujours exploitables par contre qui est capable de lire encore un cd-r gravé en
1999, presque personne, le disque s'est effacé à cause d'une réaction chimique
entre le substrat que l'on brûle avec le laser et le support lui-même, et dans
ce cas, on a tout perdu.
Le plantage d'un disque dur même
SSD peut être catastrophique pour son utilisateur qui peut perdre des données
très importantes. Le numérique est beaucoup plus volatil que l'analogique à
cause de l'immatérialité de l'œuvre.
Voici une petite idée de la durée
de vie d'un support qu'il soit analogique ou numérique sans prendre en compte
la machine pour les lire:
- Un écrit, un texte, un dessin,
plus de 2000 ans (écris de la mer morte par exemple sous réserve de déchiffrer
les symboles), tout dépend du support (pierre, papyrus, plaque d'argile, plomb,
étain, etc…).
- Un livre papier, plus de 600
ans s'il est dans un endroit à l'abri de la lumière et de l'humidité.
- Une photographie argentique,
plus de 150 ans dans les meilleures conditions sinon, ça peut descendre en
dessous de 40 ans pour certaines diapositives couleurs.
- Un enregistrement audio
analogique sur disque (33 ou 78tr), plus de 140 ans suivant le support utilisé.
- Un enregistrement sur bande
magnétique (analogique ou numérique, audio ou vidéo) entre 30 et 80 ans, tout
dépend du mode de conservation et du support et de la survie de la machine
lectrice. Une bande vidéo de 1970 pourra être illisible à cause d'un phénomène
appelé hydrolyse qui fait coller la bande à la tête de lecture, idem pour une
bande audio de la même époque. Par contre on lit très bien les premiers
enregistrements magnétiques sur bande BASF de 1939.
- Un enregistrement sur disque
optique pressé en usine, analogique et/ou numérique, disque du commerce (CD
audio, CD rom, DVD, Blue ray, laser vision, vidéodisque, etc.) plus de 40 ans
suivant le support, un laser vision de 1986 de couleur or est devenu illisible
à cause de l'oxydation de sa couche réfléchissante dorée au bout de 15 ans.
- Un enregistrement sur disque
optique gravé à la maison (uniquement numérique, Cd R, DVD R, etc.) peuvent
avoir une durée de vie de 6 mois (ce n'est pas une erreur) à 15 ans pour les
meilleurs, on annonce 30 ans pour les cd-rom en verre.
- Un enregistrement sur disque
magnéto-optique gravé à la maison (minidisque, Cd RW, DVD RW, etc.) peut avoir
une durée de vie de 1 an à 15 ans, un minidisque enregistré en 1992 est
toujours lisible si la machine fonctionne toujours.
- Un enregistrement sur mémoire
flash (clé USB, carte mémoire, disque dur SSD) peut durer longtemps, des
estimations donnent entre 30 et 50 ans mais on n'a pas assez de recul mais ça
semble bien supporter le temps si on l'utilise que pour stocker à long terme,
pas en utilisation quotidienne, là c'est plutôt 5 ans max.
- Un enregistrement sur disque
dur peut tenir de 5 à 30 ans mais on n'a pas assez de recul, dans le cas du
disque dur, il y a le problème du vieillissement mécanique qui entre en jeu. Le
support en lui-même (les disques) peuvent garder une information jusqu'à 50 ans
voire plus, autant qu'une bande magnétique. Des "ordinosaures" du
début des année 1990 redémarrent facilement et les données sur le disque dur ou
les disquettes sont toujours exploitables.
Il n'y a donc pas de meilleur système
car il faut bien garder à l'esprit que le support utilisé doit toujours être
accompagné de son lecteur pour l'exploiter sinon il ne sert à rien, une bande
magnétique de 2 pouces utilisée par la télévision en 1965 est toujours
exploitable si le magnétoscope fonctionne toujours sinon, elle ne sert à rien,
l'INA (Institut Nationale de l'Audiovisuel) possède un service qui maintient en
état les très vieux magnétoscopes du début de l'enregistrement vidéo afin de
permettre la numérisation des bandes et se maintient en fonctionnement coûte
très cher d'où la numérisation de ses supports. De plus en plus, ce service est
donné à des sociétés spécialisées pour la numérisation.
Pour garder quelque chose en
numérique et de manière pérenne, il faut avoir plusieurs sauvegardes
redondantes, c'est coûteux et ça prend du temps mais au moins, on ne perd rien.
Pour comprendre prenons un
exemple de sauvegarde, une photo numérique est sauvegardée 5 fois, une fois
dans un dossier de travail et d'utilisation sur le disque dur du PC, ici la
photo est retouchée et est utilisée, une fois dans un autre dossier sur le même
disque dur que l'on pourra comparer au négatif de la photo (photo brute), une
fois sur un disque dur externe non raccordé au pc de manière continue afin
d'éviter les virus, une autre fois sur une clé USB et pour finir sur un autre
disque dur ou clé USB qui sera rangé dans un endroit géographiquement différent
du premier, ce qui protège les données en cas d'incendie, on peut rajouter une
sauvegarde en ligne dans le "cloud" mais les capacités sont assez
limitées en gratuits et coûte cher si on en veut plus et surtout ce n'est pas
du tout écologique car ça consomme énormément d'électricité.
Récapitulatif :
Photo brute d'appareil numérique,
copiée sur dossier "utilisateur" + copiée sur dossier
"négatif" + copiée sur disque dur externe 1 + copiée sur disque
dur/clé USB externe 2 + copiée sur le cloud (facultatif).
Photo retouchée, copiée sur
dossier "utilisateur" (la photo brute est effacée) + copiée sur
disque dur externe 1 + copiée sur disque dur/clé USB externe 2 + copiée sur le
cloud (facultatif) mais dossier différent du négatif.
En utilisant cette méthode, on
évite les drames même si on n'est pas à l'abri d'une fausse manipulation. Ce
principe s'adapte pour n'importe quel type de fichier.
Une seule chose est à faire
souvent, ce sont les sauvegardes de tous nos fichiers venant de nos
ordinateurs, de nos téléphones portables et de tous nos appareils numériques si
on veut pérenniser nos archives.
Mais qui pourra dire dans 100 ans
si une vidéo enregistrée en mpg4 sortie de nos smartphones ou une photo jpeg
seront toujours lisibles (lecteur, codec, machine, etc..), on est sûr d'une
chose c'est que les archives d'une centaine d'années sont toujours utilisables
mais dans 100 ans, les archives immatérielles de maintenant le seront-elles ?
Bruno Piffret,
le 5 juin 2009
Mise à jour du
27 juin 2022